La terre est immobile !

Affirmation d'un théologien islamiste

Démonstration de notre ami

Soit deux points A et B sur terre et la terre tournant de A vers B
Si un avion décolle de A pour aller vers B, il ne pourra jamais atteindre B car la terre tourne plus vite que l'avion n'avance
Inversement si un avion décolle de B pour aller vers A, à ce moment là il n'a pas besoin de voler, il suffit qu'il attende que la terre amène le point A sous l'avion
Conclusion logique: comme ce n'est pas ainsi que ça se passe, quel que soit son sens de déplacement l'avion arrive toujours à destination, c'est donc que la terre est immobile

Réaction des internautes

Avalanches de tweets moquant notre ami
Traité d'idiot, d'arriéré, etc... pour ne pas dire pire
Par contre dans toutes ces critiques, je n'en détecte aucune de rationelle
Je note même que si notre ami n'a pas beaucoup évolué, nos compatriotes qui ont la chance de savoir que la terre tourne parce qu'on leur a appris, ne savent pas plus que lui pourquoi il a tort
J'en déduis que si nous savons plus de choses nous ne les comprenons pas forcément, nous ne pouvons donc pas en conclure que nous sommes plus intelligents. Encore lui, a-t-il le mérite de soulever le problème
Et cette anecdote étant passée sur les autres medias, je n'ai pas noté de réactions beaucoup plus pertinentes de la part des journalistes
Donc avant de dénigrer restons modestes !

Explications

Contre exemple

Commençons par un contre exemple plus facilement observable par n'importe qui, y compris par notre ami
Si je suis dans un train à l'arrêt et que je saute le plus loin possible à pieds joints dans un sens puis dans l'autre, je vais m'apercevoir que je saute toujours à peu près à la même distance par exemple à 2 mètres.
Maintenant faisons la même expérience dans le train pendant qu'il roule à 300km/h, sautons à pieds joints un coup dans le sens de la marche, un coup en sens inverse, si la théorie de notre ami est vérifiée lorsque je saute en sens inverse de la marche et que je suis encore en l'air, le train défile sous moi à 300km/h, je devrais donc retomber beaucoup plus loin dans le train que 2m.
De même quand je saute dans le sens de la marche le train ayant défilé sous moi pendant mon saut je devrais retomber en arrière de mon point de départ.
Or ce qui se passe dans la réalité c'est que quel que soit le sens dans lequel je saute, je saute toujours à 2m.
Chacun aura compris que le train qui se meut peut être assimilé à la terre qui tourne et moi-même qui saute je peux être assimilé à l'avion qui veut aller d'un point A à un point B ou d'un point B à un point A.
En conclusion le fait que je saute toujours à 2m ne prouve pas que le train est immobile, de même que l'avion qui arrive toujours à destination ne prouve pas que la terre est immobile.
A noter a contrario, que ça ne prouve pas non plus que le train se meut ou que la terre tourne.
Dans ce même train au lieu de sauter dans tous les sens ce qui peut être inquiétant pour les autres passagers j'aurais pu tout simplement laisser tomber une pièce de monnaie devant ou derrière moi d'une hauteur de 2m, et encore une fois si la théorie de notre ami avait été vérifiée, au lieu de tomber verticalement à mes pieds, la pièce aurait touché le plancher du train beaucoup plus loin.
Voilà donc deux contre exemples qui devraient faire réfléchir notre ami.

Comment celà se fait-il ?

Le premier à réfléchir sérieusement à cette question c'est Galilée au XVIIème siècle, comme il maintenait face à l'Eglise que la terre tournait, on se rapelle sa fameuse phrase à la fin du procès où il avait dû se dédire "eppure si muove" (Et pourtant elle tourne), la même argumentation que notre ami lui avait été probablement opposée aussi s'était-il posé lui-même la même question. Mais comme à l'époque il n'y avait pas de train, il avait raisonné à partir d'un bateau, ça va moins vite mais ça suffisait à montrer que les lois de la physique sur terre étaient les mêmes que sur un bateau en mouvement
Et que par conséquent l'observation des lois de la physique au point où l'on se trouve ne permet pas de savoir si le point où l'on se trouve est immobile où en mouvement
Une petite restriction tout de même à celà c'est sous réserve que le mouvement soit rectiligne et uniforme, c'est à dire que la vitesse soit constante (pas d'accélération ni de déccélération)
Or compte tenu de la taille de la terre sa courbure au sol peut être assimilé à une droite ce qui permet de considérer que son mouvement au sol est rectiligne, de plus sa vitesse est parfaitement constante, elle parcourt à l'équateur environ 40 000 km en 24 heures, soit à l'équateur une vitesse linéaire constante d'environ 1 667 Km/h.
Galilée en déduira le principe suivant: les lois de la physique et de la mécanique sont identiques pour tous les référentiels en mouvement rectiligne uniforme, ce que l'on retiendra sous le nom de: principe de la relativité galiléenne

Remarque

Pour ce qui concerne la question du début le référentiel en mouvement rectiligne uniforme à considérer c'est celui de la terre et l'avion en fait partie, donc pour ce dernier que la terre soit immobile ou qu'elle tourne ça ne change rien.
Mais pour un observateur situé sur un autre référentiel par exemple sur la planète Mars, s'il avait un télescope suffisamment puissant et qu'il mesure la vitesse à laquelle se déplace l'avion autour de la terre, il observerait les choses suivantes: lorsque l'avion se déplace à l'équateur dans le sens de rotation de la terre il mesurerait une vitesse de 2 667 km/h (si on admet que sur terre un avion se déplace à environ 1 000 km/h), par contre lorsque l'avion se déplace contre le sens de rotation de la terre, il le verrait reculer à la vitesse de 667 km/h.
C'est exactement le même phénomène que dans le contre exemple du train, dans ce cas le référentiel en mouvement rectiligne uniforme c'est le train et moi qui suis dedans j'en fait partie. Si je me mets à courir à 20 km/h dans le sens du déplacement du train et qu'un observateur au sol qui se trouve donc dans un autre référentiel mesure à quelle vitesse je me déplace par rapport au sol, c'est à dire par rapport à son propre référentiel, il me verra me déplacer à 320 km/h. Par contre si je cours dans le sens opposé au déplacement du train il me verra reculer à la vitesse de 280 km/h.
On pourrait donc en conclure que pour des mouvements rectilignes et uniformes les vitesses s'ajoutent ou se retranchent ce qui est vrai tant qu'on ne pousse pas les choses jusqu'à leurs limites.

Complément

En effet 4 siècles après Galilée, Einstein va pousser les choses à leurs limites il va découvrir que du fait que la lumière a une vitesse constante et indépassable, la loi selon laquelle les vitesses s'ajoutent n'est vraie que pour les expériences courantes car les vitesses sont faibles et de ce fait l'erreur sur le résultat est tellement infime qu'elle est imperceptible.
Mais dès que les vitesses s'approchent de celle de la lumière l'erreur sur le résultat n'est plus négligeable et de ce fait la simple addition des vitesses donnerait un résultat faux.
Einstein découvrira alors que dans les référentiels en mouvement se sont en fait les horloges qui retardent, ou dit autrement que c'est le temps qui ralentit.
Ce ralentissement du temps mesuré par l'observateur externe au référentiel en déplacement est évidemment négligeable pour les vitesses courantes mais il est de plus en plus important jusqu'à ce que le temps tende vers l'arrêt complet lorsque la vitesse tend vers celle de la lumière.
Ainsi un individu qui part de la terre dans une fusée qui se déplace à une vitesse proche de celle de la lumière et qui revient sur terre aura moins vieilli que les gens qui sont restés sur terre. Et l'écart sera d'autant plus grand que la vitesse sera grande et que la durée du voyage sera importante.
On ne parlera plus alors de relativité galiléenne mais de relativité restreinte.
Pour ce qui veulent en savoir plus, depuis la relativité restreinte la formule exacte d'addition des vitesses ne s'écrit plus V=v1+v2 mais plus exactement V=(v1+v2)/(1+(v1*v2)/c²).
c représente la vitesse de la lumière soit envviron 300 000 km/s c'est à dire 1,08 milliards de km/h.
On voit bien que pour les vitesses ordinaires, compte tenu de la valeur énorme de c le facteur (v1*v2/c²) est nul et que de ce fait on retombe bien sur la formule habituelle: V=v1+v2
Par contre dans le pire des cas si chacune des vitesses v1 et v2 est égale à c, on constate que le facteur (v1*v2/c²) est égal à 1 et que résultat final V=2c/2 est lui aussi égal à c.
Donc la vitesse résultante de la somme de deux vitesses égales chacune à la vitesse de la lumière est toujours égale à la vitesse de la lumière. La vitesse de la lumière est indépassable.

Conclusion

Pour en revenir à notre ami, s'il n'a comme références de lectures que le Coran écrit une dizaine de siècles avant Galilée, il lui reste encore 10 siècles de progrès avant de comprendre ne serait que le principe de la relativité galiléenne et 4 siècles de plus pour la relativité restreinte.
En fait l'homme a inventé Dieu bien trop tôt, sinon il aurait pu faire en sorte que Dieu puisse enseigner à ses prophètes des informations plus à jour.